Le vieux qui ne voulait pas manger ses tomates

« L’hiver vient », diront certains (Game of Throne et la fin de l’automne de l’hémisphère sud obligent) et du coup nous mettons une nouvelle fois cap au nord afin de trouver refuge au chaud (parfois même très chaud!) et du travail dans un champ de tomate dans la région de Mendoza. Petit point technique sur les différentes régions Argentine. Tout comme Buenos Aires, Mendoza est à la fois le nom d’une province et d’une ville. C’est le cas de plusieurs autres provinces comme celle de Neuquen que nous avons traversée lors de notre montée vers le nord. C’est d’ailleurs par ici que je commencerais mon récit.

Hacer dedo : le pouce en l’air !

Nous quittons tout juste Bariloche et Punto sur après y avoir travaillé durant un mois (je sais vous le savez déjà mais c’est moi qui raconte!) quand la TRÈS BONNE IDÉE de faire du stop afin d’aller jusqu’à San Rafael est venu s’installer dans nos esprits… Pour rappel San Rafael est à plus de 1000 km au nord ;-).

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Stplait, s’il te plaiiiiiiit!!!!

C’est ainsi qu’avec Maryana, qui a plus d’expérience que nous dans ce domaine, nous partons sur le lieu le plus efficace du coin afin de se faire prendre en stop, à savoir, juste après un poste de police où la vitesse maximale est de 20 km/h. C’est également l’heure des au-revoir car nos chemins ne vont pas dans la même direction… C’est avec beaucoup d’émotion que celle qui est devenue plus qu’une bonne copine nous fait une dernière accolade en se promettant d’aller se rendre visite les uns les autres en Russie et en France!

Commence donc une épreuve de patience infinie ou le succès peut-être long à venir mais pas pour tous! Maryana, après seulement une demi-heure de patience, se fait accoster et emmener vers sa prochaine destination par un chauffeur routier qui, nous l’apprendrons plus tard était hyper sympa et se rendait exactement là où elle le souhaitait! Pour nous, la chance n’est pas aussi souriante même s’il faut reconnaître qu’il est nettement moins facile d’être pris lorsque vous êtes deux et qui plus est un couple! (Oui un barbu ça fait moins rêver qu’une gazelle… :-)) nous avons profité de ce moment d’attente pour réviser tous nos classiques musicaux, danser un peu de tango et ainsi perfectionner notre style inimitable… Faire un pique-nique aura été la chose la plus épique de cette attente (en dehors de l’attente elle-même bien sûr…) car le vent incessant malgré cette journée relativement clémente rend la chose bien plus compliquée, d’autant plus que chanter « aller viens je t’emmène au vent » la bouche pleine et les doigts gelés devient vite très comique !

Pour que vous ayez une meilleure idée de ce que cala peut donner, à des niveau différents suivant les personne, voici une vidéo d’un collègue blogueur qui nous a bien plu! Cliquer sur l’image pour visionner cette petite perle!

Ukulele en Patagonie
Pas évident le stop en Patagonie!

Après trois heures et demi de patience (ce qui pour un mochilero en train de faire du stop n’est pas forcément très long) nous décidons que si un bus allant à San Rafael se présente nous lui ferions signe de s’arrêter (la pratique est courante si le bus n’est pas plein de prendre des auto-stoppeurs en « remplissage » en les faisant payer un prorata du prix… Ce qui est totalement illégal au Pérou par exemple). Le problème est que mes lunettes ne sont plus ce qu’elles étaient, du fait qu’elles se sont fait manger par un bull mastiff quelques mois plus tôt, rappelez-vous! Du coup je compte sur Claire dite œil de lynx pour nous repérer un peu à l’avance le dit bus, même si celle-ci n’y croit pas trop du fait que Mendoza est une ville plus grande et qu’il n’y aura pas de bus direct pour San Rafael… Au bout d’un moment, juste après le passage d’un bus, elle se retourne vers moi morte de rire en me disant : sur celui-là, il y avait marqué San Rafael… S’en suit un grand moment de solitude pour moi, seulement entrecoupé par les rires de Claire et mes soupirs de désespoir… 🙂

C’est alors qu’à deux doigts de nous dire que nous allions rentrer à Bariloche afin de prendre un bus pour partir cette nuit même, un ange gardien du nom de Fabian arrive dans sa merveilleuse limousine piscine restaurant toutes options (je crois que j’exagère un peu mais c’était pour l’occasion la plus belle voiture du monde^^) en nous disant « je vais jusqu’à Neuquen, ça vous intéresse? » Nous sommes alors à deux doigts de lui sauter au cou en lui disant qu’il est notre héros car même si ce n’est pas notre destination finale, cela nous fait progresser de 400 km tout de même!

Ce fut une balade très sympa, en compagnie d’une personne absolument géniale! Fabian est chauffeur routier de profession (depuis le temps que je dis à Claire que les routiers sont sympas!!!) travaillant pour la compagnie nationale. Nous apprendrons plein de choses concernant l’Argentine à son contact.

https://i0.wp.com/www.courrierinternational.com/sites/ci_master/files/styles/image_original_765/public/assets/images//illustrations/article/2012/10/1146/1146-RIBER.jpg
Cristina Kirchner Dessin de Riber paru dans Svenska Dagbladet, Stockholm. Cliquer sur le lien pour consulter l’article.

Pour vous faire un bref résumé de la situation, les argentins (tout ce qui est dit ici est vu selon lui et il s’agit seulement de l’avis d’une seule personne.) ont actuellement un grand problème gouvernemental. Ceci provoque, par ricochet, de lourdes répercussions sur l’économie et la société. Le pays est corrodé par une corruption sans précédent qui ne prend guère la peine de se dissimuler. D’autant plus que les tentatives de révéler au grand jour ces corruptions sont étouffés dans l’œuf de manière mafieuse. J’en veux pour exemple l’histoire d’un économiste (le terme n’est peut-être pas bon…) qui avait fait une étude sur l’état de l’Argentine et qui devait montrer des preuves à l’encontre de la présidente et du gouvernement. Celui-ci a été assassiné sans qu’aucune preuve ne soit retrouvée. Une contre-enquête a été menée prouvant que la première enquête avait plus servi à détruire des preuves qu’à en retrouver…

Là où cela devient intéressant selon lui, c’est comment un tel gouvernement arrive à maintenir sa position. Une politique sociale extrême est menée, permettant à certains (un très grand nombre…) de vivre chez eux en vivant d’allocations et de « cadeaux ». Il s’agirait d’une politique assez obscurantiste se servant du manque d’éducation de la population pour mener son œuvre… C’est une chose que nous n’avons pas pu vérifier selon les indicateurs « officiels » d’éducation ou d’alphabétisation, l’Argentine étant très bien classée dans les deux cas et même reconnue par l’UNESCO et l’UNICEF pour la qualité de ses enseignements. C’est ainsi que nous prendrons conscience au cours de ce voyage des inégalités territoriales de l’Argentine, qui provoque les inégalités sociales dont nous entendons parler si souvent, car par exemple bien que l’université soit gratuite pour tout argentin, peu de personnes des provinces reculées, comme par exemple celle de Jujuy au nord, y accèdent.

Pour parler de sujets un peu plus joyeux (parce qu’il y en a eu un paquet!), nous nous sommes arrêtés chez un ami de notre chauffeur qui se trouve être un gaucho, un vrai! Ils sont amis de longue date car faisant cette route très souvent, pour aller jusqu’à son lieu de travail, ils ont eu de nombreuses occasions de partager maté, talents et nouvelles. Ce jour-là, d’ailleurs, notre chauffeur mécanicien de formation va avoir fort à faire afin de réparer le tacot de son collègue… Le service lui sera récompensé par un très bon repas pris sur le pouce à base de viande de choique, une autruche miniature, chassée le matin même! Pour y avoir goûté, car nous avons été invité également en VIP :-), c’est vraiment délicieux et ça a un goût de gibier assez prononcé plutôt agréable! Nous en profitons pour faire le tour du propriétaire, une immense maison, tenue avec le goût d’un homme seul et chasseur… Devant la maison, des chiens, à l’arrière, des chevaux. D’immenses andouillers et photo de chasse font partie la décoration, ainsi que des photos de lui-même montant à cheval lors de fête traditionnelle section rodéo avec de nombreux prix à la clé! Un petit commerce s’installe ensuite car Fabian ramène avec lui des lames de couteaux a chacun de ces voyages afin de récupérer des bois de cerfs pour en faire des manches. Ils partagent les bénéfices de la revente des couteaux à la fin.


Voilà à peu près ce que cela peu donner, cliquer ici pour consulter d’autres produits argentins

Notre voyage reprend donc tranquillement jusqu’à atteindre enfin la grande ville de Neuquen où nous quittons Fabian, et nous tenons à le remercier vivement de son hospitalité, du voyage, du cours de sociologie, de la bonne humeur, du mate et du cours de service de mate tout en conduisant! Merci aussi à son ami qui nous a fait découvrir la viande de choique et nous a montré la réalité du mythe de gaucho!

Neuquen, ville-champignon en plein expansion

Nous arrivons à cent à l’heure (au sens propre !) dans cette ville qui, nous dit Fabian est dans une phase de développement incroyable. Celle-ci s’est agrandit et peuplée de manière exceptionnelle dans les 25 dernières années du fait d’un emplacement incontournable pour le transport de marchandise d’une part mais également grâce à une production fruitière assez impressionnante. Durant plusieurs kilomètres, notre chauffeur nous parle des nouveautés de cette ville et de ses anciennes limites de nombreux kilomètres en deçà de ce qu’elles sont aujourd’hui. En termes de chiffres la population augmente de plus de 20% tous les 10 ans depuis 1991 et dépasse les 230 000 habitants (350 000 dans l’agglomération de communes). On pourrait presque penser d’un œil extérieur à une Buenos Aires en construction, un projet se développant à une vitesse phénoménale et un rythme effréné. Après avoir remercié encore une fois Fabian nous nous dirigeons vers le terminal de bus afin de voir ce qu’on a nous proposer les différentes compagnies. Nous partirons donc selon ce moyen de transport le lendemain car l’attente et la fatigue du jour ont eu raison de notre courage de jeunes auto-stoppeurs débutants ;-).

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Nous profitons de la journée du lendemain pour découvrir Neuquen, et nous faire un bon aperçu de ce que les argentins appellent une ville nouvelle. C’est effectivement une ville très active et moderne, mais elle garde toutefois les traces d’une relativement petite ville car elle ne s’est pour l’instant qu’étalée et n’a pas encore pris son envol avec de gigantesques building. Même dans le centre-ville, les bâtiments ne sont pour l’instant pas très hauts et les larges avenues qui composent celui-ci donnent à cette cité un aspect moins étouffant que Buenos Aires. Après avoir consulté l’information touristique nous décidons de nous rendre dans un petit coin de verdure que la ville n’a pas détruit en se développant, à savoir les bords de l’une des deux rivières qui l’encadrent. Une bonne surprise nous attend car les berges ont même été aménagé et valorisé afin que les promeneurs puissent en bénéficier. Nous profiterons un peu de cette tranquillité pour manger un pique-nique dans ce cadre super sympa et nous préparer psychologiquement pour le prochain voyage en bus le soir même.

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Au bord du rio Limay!

MNBA : un investissement dans la culture

La dernière visite du jour s’est fait au musée des beaux-arts dont le bâtiment n’est guère avenant car il ressemble peu ou prou à un bâtiment de sécurité sociale… Mais bon après tout qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse et c’est ainsi que nous entrons sans a priori dans ce lieu, et grand bien nous en a pris. En effet les collections, permanentes et temporaires, ont été présentées avec goût et sont très intéressantes! Nous découvrons le travail photographique d’un artiste argentin : Santiago Porter.

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L’Argentine, pays tout en nuances

Ces clichés mettent en exergue les inégalités sévissant en Argentine au sein de la population et l’état globalement inachevé du pays : pont en construction abandonné, statue de monument au mort décapitée, champs de détritus en Patagonie… Et politiques asymétriques. Ceci est d’autant plus flagrant lorsque l’on regarde le diptyque présentant les façades de différents ministères : celui de l’économie flambant neuf avec dorures inclues et celui de la justice complètement délabré… A côté, une autre prise montre la façade d’un hôpital proche de l’état d’une ruine, arborant « fièrement » l’écusson du ministère de la santé… On a affaire à un très bon travail et les prises sont engagées et pertinentes.

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Pourquoi ce tableau parmi tant d’autres? Juste parce qu’on l’a bien aimé!

La partie permanente de l’exposition rassemble plusieurs dizaines de tableaux et sculptures dont la majorité date du XIX et XXème siècle. Pourtant, certaines œuvres sont dans un état assez désastreux et j’entends encore Claire me dire « mon dieu comment ils peuvent exposer ça »… Il faut restaurer ces tableaux ». Cela mis à part, on retrouve de belles pièces notamment d’artistes français notamment Rodin et bien d’autres, argentins compris. Globalement le musée nous a plu et dans notre cas l’exposition temporaire rejoignait plutôt bien les problèmes d’entretien de la collection permanente… bien que le bâtiment en lui-même soit flambant neuf.

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Oui? C’est quiiiii????

San Raf’ nous voilà !

Il est enfin temps de prendre le bus afin de rejoindre notre destination final, du moins pour un temps, San Rafael. Avant de partir toutefois, Claire craque et fait l’achat d’un… nécessaire à tricoter !!! En effet elle veut me faire de la concurrence mais je suis bien trop balèze comme la suite le prouvera !!! Néanmoins nous avons occupé notre temps d’attente au terminal de Neuquen en faisant un cours de tricot, commencé à deux, fini à trois puisque notre voisine de chaise, Gisela, propose à Claire son aide et lui fait une démonstration de tricot. Ce fut une jolie rencontre, et là on s’est dit que le tricot s’est super utile pour trouver des copains !

carte San Raf
Pour vous situer un peu…

La tête dans le pâté sera l’expression juste… Nous rejoignons la ville sur le coup des 5 heures du matin. Nous avions mis le réveil dans le bus pour ne pas louper notre destination, étant donné que le terminus est Mendoza. Ce qui n’a cependant pas permis à Claire de se reposer, mais pas de nouveauté de ce côté-là, bien dormir dans le bus pour elle relève de l’exploit. Tout ça pour dire que nous arrivons alors qu’il fait encore nuit, rien n’est ouvert, et nous optons pour une pause sur les bancs en attendant de voir où l’on va… Bien sûr il ne faut pas dormir on ne sait jamais… Sauf que le sommeil a finalement raison de nous et le marchand de sable nous cueille tout le deux en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire et que nous nous réveillons comme des fleurs vers 7h30… RAS on a toutes nos affaires et on va bien ! Mais il fait sacrément frais, surtout après le système de chauffage atomique du bus nous procurant la confortable température de 72°C permettant à tout un chacun de dormir tranquillement en se disant que le Sahara serait une chouette destination pour avoir un peu de fraîcheur… Trêve de plaisanterie, on n’a pas vu d’ours polaire à la sortie du bus tout va bien… Nous n’avons rendez-vous que le lendemain chez notre nouvel hôte, car on est le 1er mai, férié ici aussi donc il n’y a pas grand-chose d’ouvert à part notre petit hôtel qui porte l’original nom de « hostel San Rafael» …  pas d’équivoque sur notre lieu d’atterrissage ! Ainsi nous passons la journée tranquillement dans la ville de San Rafael afin de nous remettre de la nuit de bus.

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Des champs et des vignes à perte de vue!

Nous prendrons le bus de campagne (ceci est une traduction littérale…) dès le lendemain afin de rejoindre les environs de la ville et de trouver la finca MendiHill estate après 45 MINUTES DE BUS-BROUSSE! (Majuscule pour cause de précision importante, vous allez comprendre :-)). Non pas que le trajet fut inconfortable, mais c’est plutôt la destination qui importe. En effet, nous sommes au milieu de…. de… de rien en fait… Bon pour être plus précis, on est au milieu des champs de cultures diverses et variées, mais surtout de vin car nous sommes de retour dans la région viticole de Mendoza, et de nombreuses bodegas ont ici trouvé la terre approprié à la croissance de la vigne qui leur donnera les crus faisant rêver les argentins en leur faisant croire qu’ils ont les meilleurs vins du monde alors que tout le monde sait qu’ils sont français!!! (Rho juste un tout petit peu de chauvinisme… ^^).

Bienvenue à MendiHill Estate 

A la descente du bus, nous nous retrouvons dans cet environnement vide en nous demandant: mais c’est où qu’on est « por dios »! C’est alors que l’on aperçoit un homme dans sa propriété nous regardant. On s’approche et on lui demande « vous connaissez John Hill? » Ce à quoi il répond « ça dépend qu’il le demande! » Tout en partant à rire! Nous avons trouvé notre hôte du premier coup!!! John Hill: quinquagénaire (bien tapé… 🙂 avec un caractère bien trempé (à l’acide!) et une volonté acier! Heureux (ou non) propriétaire d’une finca produisant des tomates séchées (les meilleures du monde!),


Vous pouvez consulter le site de la ferme ici, John Hill dans un salon pour la promotion de ses produits

Ce qui a été très agréable dès le prime abord, c’est que John nous a expliqué directement, le deal : 5 heures de travail par jour en échange du logement et de la nourriture équilibrée, et ce pour le mois. Il nous présente ensuite les règles, mettant en avant la communication très importante dans la maison pour la répartition des tâches et que tout soit fait de manière efficace durant notre séjour, parce que lui est « busy, busy, busy… », c’est-à-dire qu’il a plein de tâches à faire chaque jour, qu’il faut avancer le plus vite possible et qu’ « il n’a pas le temps». Évidemment cela faisait longtemps qu’on ne nous avait pas parlé comme ça, mais tout de même 5 mois de vie au rythme latino (il ne faut pas aller trop vite comme ça…) n’ont pas effacé notre éducation en France. Décidément, Johnny n’a pas un profil d’argentin, marié mais sans enfants, donnant ces directives à ses volontaires d’ouvriers, toujours occupé histoire de garder son esprit sous contrôle, il fait un drôle de bonhomme, Mister Hill.

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Mais ces tomates sont belles, il faut le dire!

« Hill », c’est le monsieur notre patron

Oui effectivement, les plus avisés d’entre vous auront noté que John Hill ce n’est pas ce qui sonne le plus hispanique à l’oreille… Il est né en Afrique, au Zimbabwe pour être un peu plus précis. Pour ceux dont la culture humoristique comprend Murielle Robin, non il n’est pas noir, noir, noir mais là pour le coup il est carrément blanc, blanc, blanc :-). C’est un descendant des Boers donc d’origine hollandaise, sa langue natale et celle qu’il utilise avec nous est l’anglais, mais il parle aussi africaans. Il y a énormément de choses à dire sur lui, après allez savoir où fini l’histoire, et où commence le mythe… je vous laisse juger par vous-même…

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Trouver l’erreur!

Sur sa vie en Afrique, à l’âge de 17 ans, il est engagé dans l’armée durant la guerre civile zimbabwéenne qu’il a fait jusqu’à ses 19 ans. Il nous a parlé un peu de la guerre, un soir où nous étions que 3 à la maison. C’était une guerre atroce nous a-t-il raconté, les jeunes étaient enrôlés de force dans l’armée mais il n’y avait pas à manger, le lavage de cerveau était de mise, pour supporter, accepter « tout » ce qui se passait. Car les morts se comptaient par centaines: femmes, enfants, vieillards… personne n’était à l’abri, quel que soit son âge où son état, nous dit-il. Et on sent derrière la dureté de l’homme sa souffrance, et on comprend, au-delà de ses yeux brillants de larmes refoulées, que la trace laissée par la guerre est indélébile. Et surtout que ce n’est pas un souvenir que l’on veut connaître.

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De la propriété nous avions chaque soir le privilège de spectacles exceptionnels à la tombée de la nuit

Après cet épisode marquant pour un très jeune adulte, il fut extradé vers le Canada où il restera quelques années à construire des édifices. Par la suite, de retour en Afrique en tant qu’ingénieur dans les pipelines, il travaillera pour des compagnies pétrolière et gazière. Il deviendra ensuite ingénieur aéronautique, à la tête de son propre atelier de réparation et maintenance d’hélicoptère et d’avion qu’il finira par quitter pour cause de trop de stress et 5 pontages cardiaques plus tard.

Il est passé par la France, nous disant qu’il regrettait aujourd’hui de ne pas s’être alors plus intéressé au français, mais que les croissants lui avaient plu. Suite à cela, il finira en Argentine en tant que fermier, créant sa propre finca avec son épouse en tant qu’associée, afin de produire tomates fraîches ou sèches, au naturel ou en préparation d’huile d’olive et d’épices. Faisant office à l’occasion de rentier, de gestionnaire de patrimoine, mécanicien de tout poil et réparateur de tout acier. Tant que l’on sait bricoler en Argentine, il y a toujours moyen de survivre, et John Hill a largement assez de ressources pour sortir son épingle du jeu dans ce pays.

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Attention vous voyez là une chose exceptionnelle: l’établi est clean!

Quand on pense que certains ont le temps de s’ennuyer, il ferait mieux de donner les heures qu’ils ont en trop à Johnny, je vous rassure il saurait quoi en faire! Car au-delà de son travail agricole, il est sans cesse à la recherche de nouveaux projets à mettre en place et son esprit fourmille d’idées, certaines ambitieuses, d’autres plus terre à terre. C’est alors que nous vient la question suivante : mais qu’est-ce qu’un homme comme ça, un homme d’affaire aussi surexcité, fait dans un pays où tout est « traquiiiiiiiiiiilooooooooo »! C’est une bonne question et lui-même il n’a pas pu y répondre! A moins qu’il n’est pas voulu… Parce qu’on a beau avoir vécu avec lui 12h par jour pendant un mois, ce gars reste un cas un part, encore complétement opaque.

« Mendi », diminutif de Madame 

Claudia, la femme de John depuis 12 ans, soit quasiment suite à son arrivée en Argentine, est quant à elle plus « facile » à cerner. Deuxième fille d’une « portée » de 4, elle est de la région de Córdoba, au centre de l’Argentine. Elle possède donc cet accent chantant propre à cette région qui est plutôt surprenant et agréable à écouter de prime abord, mais qui, à la longue, devient absolument horrible parce qu’horripilant! 😉

D’autant plus que lorsqu’elle parle à Johnny, elle répète TOUT entre 2 et 3 fois, persuadée qu’il ne comprend pas… Celui-ci, bien qu’installé et marié depuis une bonne grosse décade ici, parle un espagnol médiocre et ne l’écrit pas du tout, bien qu’il le comprenne, en tout cas la plupart du temps… Ainsi nous assisterons de nombreuses fois à des dialogues de sourds basés sur une répétition constante. Parfois une tentative en anglais de la part de Claudia survient (enfin, ça ressemble à de l’anglais…) mais ça ne porte que peu ces fruits… voire pour être honnête, pas du tout. Cela dit, quand elle est là c’est tout de même bien pour une raison: on parle deux langues constamment le passage de l’une à l’autre au bout d’un mois est devenu bien plus fluide.

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Hôtes et helpers réunis!

Elle est architecte et est très souvent en dehors de la maison, le jour pour aller travailler (elle donne des cours et travaille aussi en free-lance), et la nuit pour rendre visite à sa famille et veiller sur son père qui est en centre-ville (nous sommes à une demi-heure de voiture du centre-ville, cela aura son importance). Bref, on ne la voit pas souvent.

Un rapide mot à propos des animaux

Claudia est une fan de ces 5 chats dont 1 cheval, 1 prématurée, 1 gros, 1 vieille et 1 antisocial alors que John Hill, lui, est le maître de 5 chiens dont 3 vieux boiteux et 1 jeune toute folle, et 1 petit chouchou, et enfin 1 ânesse et 6 lamas dont un mâle toujours prêt à l’action…

Dans la catégorie « chien », nous avons :

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Peppy en plein effort

Peppy: ou old boy, (chien) vieux bout de machin tout boiteux et miro comme une taupe connaissant parfaitement l’heure de la balade!

Lassie: chienne colley, description assez similaire à peppy mais trop grasse pour se rappeler de l’heure de la balade 🙂

Brown dog: (chienne et oui c’est son vrai nom) ancienne rescapée menant enfin une vie heureuse…

Negra: (chienne) jeune de 6 mois avec seulement un quart ou un huitième de cerveau (encore à l’étude^^) mais gentille comme tout

Pork : (chien… On croit…) le bébé de la famille, ayant accès à une nourriture et un confort bien supérieur à ses compatriotes, teigneux et dominant, avec des pattes distordues trop courtes et un corps trop long. Rapidement renommé saucisse par nous même!

Dans la catégorie chats :

Horse / la tonta / pork’s cat / negro / la vieja: oui vous ne rêvez pas ces chats ont des noms étrange que je vous laisserai le soin de traduire de l’anglais ou de l’espagnol!

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Et voici Horse, remarquable par sa taille et ses beaux yeux, pas délicat pour un sou!

Dans la catégorie lama :

Willy: unique mâle du troupeau (heureusement…) pas franchement malin et pas

très beau non plus mais il aura son utilité on vous en parlera!

Matahambre, Claire et les autres: (lamas) le troupeau de camélidés qui nous réserve bien des surprises!

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C’est l’heure de la sieste

Et enfin vient bien sur Jenny, l’ânesse, qui se fait constamment poursuivre et enquiquiner par Willy, en manque d’amour certainement…

L’expérience « finca » : beau mais rude

Revenons-en au présent et à notre intervention dans sa vie et sa ferme! Suite aux présentations de lui-même, de Claudia et des animaux, John nous présente sa finca et le travail que nous aurons à y faire. Les deux hectares de tomate sont en fin de vie pour cette saison car l’hiver arrive à grand pas, cela ne se sent pas en plein jour car on frise les 25°C mais la nuit on descend facilement en dessous des 10°C voir 5°C. Ce sont les installations agricoles qu’il va falloir protéger ou ranger, à savoir les « driplines » (tuyaux souterrains d’irrigation au goutte à goutte) et les toiles anti-grêles (je vous dis pas à quoi ça sert hein ;-)). Il nous dit que nous aurons des tâches d’empaquetage des tomates séchées et que de temps en temps il aurait besoin d’un coup de main pour les divers travaux annexes que son cerveau manigance fréquemment…

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Sur ce il nous abandonne oui un rendez-vous d’affaire avec la bodega toute proche en construction pour laquelle il a été investi de certaines tâches, notamment dans la fabrication de choses en acier. Ainsi commence notre exploration de notre lieu de travail, et bah vous allez rire mais ça fait plaisir de voir des choses organisées de temps en temps :-)! On ne peut pas dire que l’Argentine soit le pays le plus organisé qui existe, tant au niveau du travail, que de la précision, que des horaires, que de la ponctualité, que de tout… Du coup la finca de John passe pour un océan de rigueur et d’organisation à nos yeux déshabitués à un tel spectacle!

Nous en profitons pour commencer notre première tâche de notre séjour, ramasser les tomates ayant survécu aux premiers gels et au fait que les pieds sont en train de se dessécher petit à petit. Nous ferons ce qui, à nos yeux, semble être une bonne cueillette de tomates rouges et vertes (pour faire du chutney sorte de confiture de tomate verte) soit trois grosses caisses sur seulement 3 rangées, ce à quoi il nous répondra à son retour « vous voyez je vous avais qu’il n’y en avait presque plus! »

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Notre récolte a des jolies couleurs

Dès le lendemain nous commençons l’extraction des tuyaux et permettez-moi de vous dire que ce n’est pas de la tarte… En effet, bien qu’elles aient été protégées par des bâches plastiques afin d’éviter que les racines des pieds de tomate comme plantes adventices ne s’y emmêlent de trop, c’est déjà suffisamment le cas pour nous poser problème… (Tu n’imagines pas Victor, le nombre de fois où on a voulu que tu sois là avec ton tracteur pour tout arracher ^^).

Explication technique du pourquoi des bâches: pas de soleil, pas de photosynthèse, pas de plantes. C’était une des grosses améliorations dont John a fait bénéficier sa plantation au début de la saison précédente et il en est très satisfait car d’après lui les driplines s’enlèvent très facilement! On n’a pas connu le avant après mais si maintenant ça s’enlève « bien » on ne veut pas connaître le avant :-). On a tenté plusieurs techniques pour les enlever à savoir la version pacifiste, et le retrait de chaque racine qui gênait afin de retirer avec précaution les tuyaux. Mais on est vite passé à une méthode de combat qui serait un mélange entre Steven Seagal, Arnold Schwarzenegger, Jason Statham et Silverster Stalone, le tout dans la nouvelle super production San Rafaelienne: le retour des tomates tueuses! (Pour info ce film existe réellement! A voir!!!). Les plus audacieux iront voir la BA EN CLIQUANT ICI!

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Quelque part sous les tomates et la bâche plastique, se trouve un tuyau d’arrosage. Notre mission: le sortir de là et le ranger pour la saison prochaine…

C’est Claire qui ouvre le bal, car j’étais en train de me battre avec mes racines quand je l’entends crier de rage et de frustration! Et là, mes amis, un spectacle terrifiant s’offre à moi! Telle Hulkette au sommet de son art, Claire saisit le bout de tuyau et l’arrache du sol avec une violence inouïe! Cela a deux conséquences immédiates: premièrement, j’assiste à la plus belle éjection de tomates pourries et de vers de l’histoire! Deuxièmement, le tuyau se libère sur plusieurs mètres, ce qui nous fait bien gagner 5 minutes par mètre par rapport à la première méthode!

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Alors, vous allez rire, mais ce truc, ça pique! Important donc: dégager le terrain avant de pouvoir opéré… bien sur ce serait allé légèrement plus vite avec le tracteur mais bon…

Cela a par contre deux conséquences à moyen et long terme: une odeur venue des profondeurs infernales commence à se reprendre dans le champ et croyez-moi ça déchausse les narines!!! La seconde est que le splendide jet de tomate provoqué par l’extraction du tuyau éclaboussé en de nombreux endroits nos vêtements, répondant la sympathique odeur susnommée sur nous, et rendant nos vêtements impossibles à nettoyer…

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Voici la grasse Jenny, pas embêtante au demeurant, qui a pour mission de nettoyer le champs de tomates avec ses amis lama à la fin de la saison

Pour ceux qui se posent la question, non, on ne se déplace pas tout nu aujourd’hui, on porte nos vêtements plein de tomate pourrie mais comme ils sont passés plein de fois en machine, c’est des tâches propres :-)!! Une fois ces tuyaux arrachés à leur fonction, il faut les rouler sur leur support, ce qui suppose d’être deux, un qui tourne, l’autre qui tient la bande noire, et on a fait ça durant des heures ! Quand nous fermions les yeux par la suite on pouvait encore voir défiler le tuyau !

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Pendant ce temps là, les chiens eux étaient tout heureux de pouvoir partir à la chasse à la souris! Plutôt régulièrement couronnée de succès

Ce fut globalement un combat de tous les instants, et ce n’est clairement pas les lamas ni les chiens qui ont aidé à la tâche! Soit dit en passant, avoir des lamas sur son lieu de travail c’est quand même plutôt la classe et cela rendait le travail nettement moins monotone. En effet vous n’êtes jamais à l’abri qu’un jour un lama mâle, ne vous reconnaissant plus parce que son cerveau a atteint son espace de stockage maximal, refuse de vous laisser passer parce qu’il se dit que vous venez bouffer ses femelles… Ainsi il est parfois nécessaire de lui rappeler que dans l’échelle de l’évolution, le lama ce n’est pas très haut, et que si l’être humain a inventé l’échelle en acier pour s’élever, il peut aussi s’en servir pour faire rentrer du plomb (ou en l’occurrence de l’acier hein…) dans le néant qui sépare ses oreilles… Voilà du coup si un jour vous croisez un lama avec une bande rouge sur la tête, il s’appelle Willy…

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On y est presque!! plus que 999 noeuds…

Mais vous me direz, pourquoi avoir besoin d’une échelle (au-delà de tenir en respect un lama récalcitrant…)! Et bien pour la seconde tâche qui nous attendait dans ce champ! Normalement nous n’aurions pas dû en avoir besoin. C’est à dire que John possède un magnifique tracteur Fiat 400! Pour ceux que ça intéresse Fiat agriculture à fusionner avec Ford New Holland il y a maintenant 25 ans et le Fiat 400 date de 1971…

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La bête!

Nous étions supposés utiliser celui-ci (Claire au volant et moi perché sur le capot) afin de retirer les agrafes maintenant entre elles les toiles anti-grêles. Pourquoi ? Pour qu’une fois ces toiles repliées, elles n’ont plus à craindre le poids de la neige qui cet hiver ne manquerait pas de tomber, entrainant avec elle les précieuses toiles. Tout était en place pour réaliser ces travaux! Claire avait passé quelques leçons de conduite avec notre hôte afin de maîtriser la bête et a reçu, après trois tours de maison sans tuer ni briser qui ou quoi que ce soit, son permis de tracteur des mains de Johnny Hill en personne!

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I believe Ican fly!!!!

Nous avions donc tout pour réussir jusqu’à ce que… le tracteur rende l’âme… Entre les bras et la mâchoire serrés de son propriétaire. Bah oui ça devait arriver… Ce qu’il faut savoir ce que Johnny a une devise qui est  » no problem, I can fix it! ». Traduisez pas de problème je peux réparer! Ce qui en soit est vrai, mais le bougre a tellement de projets, de travaux en cours, etc que ce travail pourtant réalisable (selon lui) assez vite, ne sera pas fait avant… la fin de notre séjour chez lui :-)!!! En effet de travaux en travaux nous ne verrons pas ce tracteur à nouveau en état de marche. Il nous a donc fallu avec notre échelle rouge, notre escabeau branlant et notre seau retourné, aller d’agrafe en agrafe sur deux hectares, à raison de douze agrafes par rang, sur 50 rangs par hectare… 280 agrafes à hauteur variable dont la moitié d’une sorte et la moitié d’une autre… Si bien que quand vous terminez votre hectare au bout de plusieurs jours et que vous avez bien la technique, vous reprenez tout à zéro… 🙂

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Un saut sur le seau et Arnaud ne s’est retrouvé sot sur les fesses qu’une fois! Il a apposer son sceau.Bien joué!

Le coup de barre

Claire a eu un grand coup de déprime pendant cette période-là car la hauteur des agrafes et la difficulté à les retirer à bien failli avoir raison de sa santé mentale et physique! Heureusement les lamas femelle étaient moins bêtes que le sus-nommé Willy, et se laissaient approcher suffisamment pour permettre à Claire de se dire que ça valait vraiment le coup d’être là!

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Zone de salage et de tri des tomates via tapis roulant

A propos de valoir le coup, quel coup! On a failli perdre Claire dans la bataille!!! Après avoir cuisiné un dimanche midi, nous décidons de manger dehors sous le petit abri en forme de serre entouré de parterres de fleurs. Dans un esprit purement contradictoire, elle décide de ne pas faire le tour et d’enjamber le parterre et de passer sous la barre de maintien horizontale de la serre… La suite paraît évidente alors je vous la fait en slow motion: la jambe gauche atteint le sol de l’autre côté du parterre, Claire baisse la tête mais ne se penche pas croyant être à bonne hauteur pour s’éviter cette peine! Celle-ci rentre en contact (que vous comprendrez violent vu qu’elle s’est élancé pour franchir le parterre!) avec la barre susnommée dans ce que l’on pourra nomme un choc des titans… La jambe droite déjà en mouvement de l’impact continu sa route au-dessus du parterre (bah oui elle a aucune raison de s’arrêter :-))! La tête recule, les jambes avancent, vous imaginez bien que le vol plané n’est pas loin… Claire se retrouve à l’horizontale dans les airs mais se moment de lévitation ne dure pas autant que chez ACME, et elle s’écrase par terre avec toute la grâce du coyote ayant encore une fois raté bipbip, pile sur le bord du parterre de fleur!

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Le lieu du crime

Cette action se déroule en approximativement une demi seconde et moi avec mes mains pleines je me sens comme couillon… Je jette tout ce que j’ai dans les mains afin de me précipiter à son chevet. Parce que bon vu le choc elle me fait plus penser à un cafard flytoxé qu’à un pimpant guanaco de la pampa… Bon une fois qu’on a fait l’inventaire et que les chiens lui ont bien léché le visage, on obtient deux bosses de la taille d’un œuf de poule, trois ou quatre grandes traces de bave et quelques dix mille neurones en moins… mais bon elle est vivante est c’est tout ce qui importe…

#jevisdansungarage

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Mais nous partagions tous les repas dans la maison principale avec ses propriétaires, ce qui était cool pour l’esprit d’équipe!

Après cela Claire a passé plus de temps qu’avant à faire la sieste dans notre lit pour tenter de se remettre en geignant de temps en temps : « Arnaud, j’ai mal à mes bosses… ». Il est donc temps de vous parler de ce qui fut notre palace pendant ces quelques temps. Les toilettes et la douche veillent ensemble sur une toute petite cahute de l’autre côté du jardin par rapport à notre cabane, collés à la maison principale où nous prenons les repas avec les propriétaires. En effet après avoir répété sans cesse #jevisdansungrenier chez Martin a Bariloche, nous sommes passé à une autre variante qui se trouve être #jevisdansungarage … 15 m², une isolation digne de la coque du Titanic, et un chauffage qui brille, en tout cas au début, par son absence… Bien qu’il fasse chaud dans la journée, il peut faire frais voir très très froid… Mais bon on était bien content après une absence totale de vie privée pendant un mois d’avoir notre petit garage personnel ^^. On ne va pas se plaindre, ce type de logement est idéal pour la région, on n’a pas eu une goutte de pluie en un mois, juste une nuit de grand vent où l’on a cru que les vitres allaient cédées sous l’assaut de la poussière projetée contre elles. C’est le « zonda » qui fait des siennes, un vent très chaud et puissant qui vient du Pacifique et souffle dans la région de San Rafael après avoir traverser la cordillère. Il est aussi annonciateurs de la neige.

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Home Sweet home!

La création du système de chauffage faisait partie des nombreux projets de Johnny mais celui-ci était classé en urgence ! Ainsi j’ai aidé à sa création (j’ai fait de la manut’ quoi…), il était tellement fier de son système qu’il était drôle, il l’a testé des dizaines de fois, revenais le soir le voir après la douche, son verre de vin à la main. C’est vrai que la chaleur dégagée était forte, étant donné qu’il y avait un feu dans un cylindre en fer. Et tout en matériaux recyclés !

Finalement le système fut approuvé par son créateur et installé à grand renfort de silicone haute température, et d’un trou dans le mur pour faire passer la cheminée. John était aux anges, et il aimait sa salamandre à tel point que quand la salamandre fut enfin installée dans la chambre, les deux premiers soirs il est resté avec nous pour la voir fonctionner. Je vous résume le tableau : Claire au lit en attendant de pouvoir dormir, Arnaud debout devant la porte, regardant tous deux un John Hill allongé par terre devant sa salamandre, les yeux braqués sur l’ouverture de la porte de l’engin pour regarder le feu…

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Voici notre chauffage central! Hé! Ça crache!

« Steel Fabrication »

La salamandre ne sera une partie de tous les travaux à base d’acier que nous ferons car la bodega avec laquelle est associée notre hôte lui a commandé deux balustrades pour les entrées de son bâtiment principal, ainsi que deux portes aux dimensions aberrantes, mais faut pas chercher, on est en argentine…

Les ouvriers ont en effet construit deux petites cahutes, l’une pour le gaz (ça sent le gaz là non ???? oui c’est normal.) et l’autre pour le rangement des outils (mais pourquoi vous avez fait une marche de 1m sur un bâtiment d’1m90 de haut ???). Enfin bref, on ne va pas polémiquer plus que ça… Une fois conçues, ces portes ont été peintes de la même couleur que les bâtiments c’est à dire un rouge flamboyant (un bâtiment de la taille d’un immeuble peint tout en rouge, ça surprend!).

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Travail en équipe pour la fabrication des portes, heureusement on bosse en musique, grâce à la radio « Bob », car Bob plays everything! Thank’s Bob!

Claire entre donc dans la partie et fera donc de l’art sur porte en acier en passant couche après couche de peinture sur les barres métalliques graisseuses… La pose de ces portes s’est révélée épique. Car si les cotes des portes respectent bien ce qui avait été convenu au moment des plans, ce n’est pas le cas du reste… En effet, on se retrouve avec deux ouvertures trop étroites et il faut poncer les murs afin de les faire rentrer. De plus, le matériau utilisé pour la construction est pourri et il nous est quasiment impossible de fixer les portes dans leurs emplacements. On fera finalement en sorte que cela tienne tant bien que mal, d’autant plus que, au vu de l’odeur de gaz qui se dégage de la cahute, il est hors de question de souder à cet endroit…

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Et ça, c’est la super casquette que Claire a emprunté pour se protéger du rude soleil d’ici même en plein automne? En outre, super slogan, sur que c’est le genre de slogan qui ferait beaucoup rire Paulinette: METABO, work, don’t play. En revanche il convient bien à la situation!

Concernant les balustrades en acier, ç’a été pour moi l’occasion d’apprendre à souder à l’arc, et c’est pas aussi évident que les petites soudures dont j’avais le souvenir en cours de technologie au collège :-). Cela demande une vraie maîtrise du geste afin de ne pas brûler, ni faire de trou, et obtenir un résultat le plus lisse possible. Je vous rassure tout de suite, ce n’est pas moi qui ai soudé sur l’ouvrage final… Non, moi je suis allé faire mes pâtés et mes trous ailleurs ^^. John en revanche maitrise pleinement le geste et le résultat fait vraiment plaisir à voir…

Petit à petit deux barrières se montent avec des proportions respectables (l’une fait plus de quatre mètres). L’installation sera tout aussi délicate que pour les portes car bien que cette fois-ci les cotes soit bonnes (Johnny avait pris lui-même les mesures cette fois ci ^^), le matériau de support est toujours aussi désastreux… Ce sera l’occasion de voir l’utilisation de teinture chimique (je ne sais pas si ça se traduit de cette manière…), deux substances prisonnières dans un flacon, qui, au moment celui-ci se brise et où elles se mélangent, créent un composé aussi dur que du béton une fois sec! On l’a utilisé afin de fixer deux plaques métalliques sur le support, puis on a soudé la balustrade sur les plaques. Le résultat est bien meilleur que pour les portes et ainsi nous terminons notre affaire avec la bodega! Nous pouvons nous concentrer sur une tache qui occupe depuis un moment les pensées de notre hôte, la réalisation de tables!

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Mannequin-table, on le marque dans le CV en rentrant ou pas?

Quand Johnny fait des projets, il ne les fait pas à moitié… Ainsi, il a prévu de fabriquer mille tables… Nous lui demandons s’il sait déjà où il va les vendre, et sa réponse est sans appel: non, mais tout le monde a besoin de table! Nous réalisons donc des prototypes et passons donc les jours suivants à percer, visser, cirer, peindre tous les éléments et les assembler entre eux!

Ensuite vient le grand moment de mettre les tables en vente, ce qui va nous permettre de découvrir une tradition Argentine… Nous installons la table bien en vue dans le jardin devant la maison, puis John pose un bidon jaune dessus. Nous lui demandons à quoi cela sert, et il nous dit qu’en Argentine quand il y a un bidon jaune sur un objet, c’est qu’il est à vendre… Effectivement c’est le cas notamment des voitures stationnées dans la rue qui ont parfois cette décoration pour signifier leur mise en vente… Malgré le splendide bidon jaune et la très bonne réalisation de la table nous ne verrons pas de client potentiel venir à nous… C’est pourquoi notre conseillère marketing préférée a été chargée d’écrire et de diffuser sur le site équivalent au bon coin en Argentine (OLX.com.ar), une offre pour les tables. Et moi pendant ce temps, je sers de mannequin spécial vente de table… Après m’être fait tiré le portrait dans toute les situations possible (ou presque…), l’annonce paraît sur le site mais nous ne savons pas où en sont les ventes à l’heure actuelle :-).

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C’est tout assemblé par nos soins, et ça roule presque parfaitement…

Et les tomates dans tout ça ?

Parce qu’on vous parle de plein de choses vous allez finir par vous demander si finalement il y avait des tomates ou pas! Et bien non! Plus du tout car nous sommes en fin de saison et les températures nocturnes ont jeté un froid sur les pieds de tomates! En revanche, lors de la pleine saison, les deux hectares de John sont une vraie usine à gaz! A raison de 80 000 à 90 000 kg de production par saison, son système est plutôt bien rodé et les tomates se portent très bien!
Suite à cela, il possède un système de coupage/salage des tomates qui sont par la suite entreposé dans deux verrières ventilées afin de les faire sécher. Il faut tout de même 14 kg de tomates fraîches afin de produire 1 kg de tomates sèches.

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Bien sur ça fait plaisir de voir le champs avant notre passage/ après! (là c’est avant 😉 )

Les deux produits sont ensuite vendus selon deux circuits: les fraîches en circuit court, c’est à dire le voisinage qui vient directement à la finca afin d’avoir des cagettes de tomates, les sèches sont exportées nationalement! Le premier se fait surtout par connaissances et ce n’est pas le revenu majeur de John… Le second quant à lui est très efficace et la ferme est très reconnue car il nous faudra empaqueter une énorme commande qui partira pour le centre du pays.
Encore une fois deux possibilités. Soit elles sont expédiées telle quelles en petites cagettes plastiques, soit elles sont préparées à l’huile d’olive et épices ce qui leur confère une texture très douce et un apport gustatif indéniable!

C’est Claire qui était chargé de l’empaquetage car c’était au même moment que la fabrication des portes et balustrades. Il faut maintenant découper, coller toutes les étiquettes, préparer les colis au bon poids (pesés avec une balance de cuisine électronique de génération Louis XIV) et fermer toutes les cagettes avec un appareil de maison qu’il est difficile de décrire alors je vous le montre!

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Empaquetage de tomates séchés grâce à la machine spéciale made by John. Surement un des truc les plus rigolo de la ferme!

Mais là, problème! En effet John n’a plus d’étiquette concernant la taille commandée par le client! Qu’à cela ne tienne, Claire est chargée de modifier l’étiquette par tous les moyens qu’elle pourra trouver! Ainsi s’en suit une épique bataille entre elle et un autocollant blanc de la taille d’une tête d’épingle pour lui donner la forme de deux « 1 » et d’une virgule!!! Après plusieurs minutes de combat acharné, voici le résultat…

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Tadammmmm!!! Alors, c’est pas du bon boulot???

Une fois tous les colis prêt et stockés il est temps de passer à table!

La cuisine africaine et l’ami asado

Nous avons fait la découverte de la gastronomie africaine et bien les avis sont partagés. Il nous fait découvrir le stew qui est une préparation à base de tripes et de légumes qui a particulièrement plu à Claire (ou pas!!!). Pour ce faire, nous avons découvert un appareil magique: le slow cooker! Bon c’est un autocuiseur tout ce qu’il y a de plus simple, certes, mais faire cuire une préparation comme un bœuf bourguignon pendant 12h soit treeeeeeeeeeeeeeeeees lentement, je vous assure que ça vous donne un résultat proche de l’incroyable :-). En plus de cela, notre hôte est très friand de cuisine épicée et il possède une recette secrète de curry dont il se sert dans la plupart de ces préparations et cela donne un excellent résultat! J’en veux pour preuve une réinterprétation d’un hachis Parmentier avec une viande marinée dans je ne sais quelle marinade avec ce curry particulier je vous laisse l’image pour en avoir l’eau à la bouche!

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Ca, c’est un plat qui tient au corps! Idéal pour travailler toute la journée dehors!

Bien que zimbabwéen de cœur, il est tout de même nationalisé argentin, et que serait un argentin sans son asado! C’est ainsi que nous croiserons la route d’un autre ami de John, Tom, lui-même expatrié à la fin d’une longue carrière dans le génie mécanique au Etats-Unis! Ils se sont rencontrés en arrivant tout deux à peu près à la même période en Argentine, il y a douze ans de cela! Et de même que John s’est lancé dans la culture des tomates, Tom est aussi dans l’agriculture mais de manière plus généraliste, avec toutefois une spécialisation dans la production d’olive. Cela n’a malgré tout rien à voir avec John qui fait cela dans un but commercial, contrairement à John. Ce qui rend Tom plus détendu concernant son activité! En outre, Tom possède un truc qui vaut de l’or en Argentine : il est un grand spécialiste en mécanique, et ceci est une bonne source de revenus dans cette région agricole. C’est bien sur chez lui qu’est en convalescence le tracteur de John. A eux deux, mécanicien et ingénieur mécanique, il y a de quoi réaliser des miracles… Si tant est qu’ils trouvent deux minutes ensemble pour s’y mettre !

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Le piment Didier, ça c’est un clin d’œil qui ne se perd pas, n’est pas mon oncle et parrain?

Nous le recevrons sur la finca un soir, afin de partager un asado de matambre! Pour les curieux, non nous n’avons pas Littéralement ce mot signifie « tue la faim », et il porte bien son nom…. Imaginez un morceau de viande à barbecue épais entre 1/2cm et 3cm qui serait fait de deux couches, 50% gras 50% maigre… Ça cale un mort de faim!

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Asado parfait, d’un côté le petit feu, de lautre, la viande et les pommes de terre à l’africaine! Enfin, un peu trop organisé en fait pour être 100% argentin…

Combinaison de ses deux nationalités, John se lance dans la réalisation d’un barbecue africain comme dans sa jeunesse, ce qui à nos yeux ressemble plutôt à une soucoupe volante sur pieds ! Cela sera une occasion de plus de constater l’habilité de notre hôte à façonner le métal de récupération à sa guise.

Non madame, ce n’est pas la boucherie Sanzot! (Ou la coupure d’eau infernale!)

Un matin après le petit déjeuner, John vient nous trouver avec une nouvelle plutôt particulière et surtout problématique. Il nous demande d’arrêter toutes taches en cours et de venir remplir au vite des barils d’eau. La raison est à la fois simple et d’ampleur: il va y avoir une coupure dans le quartier, d’une durée approximative… D’une semaine!!! Nous lui demandons si c’est une plaisanterie et il nous répond que non, qu’on vient de le prévenir à l’instant et qu’il faut se dépêcher la coupure est prévu pour dans peu de temps… Nous remplissons donc les barils juste à temps car peu de temps après, plus rien! Ce qu’il faut savoir c’est qu’en Argentine la notion de service quel qu’il soit, et de service publique en particulier est quasiment inexistante… Ainsi on se retrouve parfois dans ce genre de situation aberrante qui en France déclencherait immédiatement un scandale…

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C’est presque facile en outre avec les chiens à côté qui viennent s’assurer qu’il ne reste pas un peu de nourriture au fond des assiettes!

Ce fut l’occasion de monter un système D à l’Argentine avec vaisselle extérieure à même le sol notamment… Croyez-moi une douche de 10 secondes et froide après une journée à travailler dans un champ de tomate pourrie, ce n’est pas cool… Finalement la situation a été écourtée et ce ne furent que 4 jours de restriction au lieu de la semaine prévu, ce qui n’est pas dommage :-)!

La famille lama s’agrandit

Un beau matin d’enlevage d’agrafes, une nouveauté assez sympathique nous tombe entre les pattes. Alors que Johnny est allé faire une course à San Rafael, nous rencontrons… un petit lama tout beau tout neuf !! Celui-ci né dans la nuit, nous le découvrons chancelant sur ses p’tites pattes mais tout de même gambadant afin de ne pas perdre sa mère de vue. Quand on vous dit que Willy avait une utilité, la voilà : il est là pour mettre la petite graine (c’est d’ailleurs tout à fait ridicule, les femelles courent toute plus vite que lui…).

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C’est mignon un petit lama quand même…

Par contre, c’est la première fois que Pork et que Negra voient un bébé tout juste sorti de l’œuf (oui les lamas ça pond des œufs oui !!!), ce qui a bien failli lui couté la vie alors qu’il venait tout juste de l’obtenir… Après s’être fait courir après pendant un bon moment, notre petit épuisé a chuté dans un trou très profond dans le champ… il aura fallu toute ma persuasion et un chou-fleur pour que la mère nous laisse approcher du trou et sortir son petit de là tout tremblant. Nous avons donc dû accrocher la chienne quelques temps afin que le lama ait le temps de tenir sur ses pattes et de s’alimenter un peu. Quelques jours plus tard l’affaire était oubliée des deux protagonistes et Johnny devait gérer un lama de plus ☺. Une petite lama femelle à la plus grande joie de John. Elle s’appelle donc Claire, en souvenir de ce qu’on a fait pour elle, heureusement, sinon son nom aurait été Idiot !

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Petit lama a trouvé finalement la feinte, se cacher derrière maman!

Toujours un coup d’avance

Pourquoi cela me demanderez-vous. Cela fait des années que John enchaine projets sur projets, d’échecs en réussite le voilà maintenant propriétaire, entre autres terres et maisons, d’une ferme de tomate. Toujours à la recherche de nouveau défi mais surtout avec un gros ras le bol de l’argentine John cherche vendre son activité afin de construire un complexe hôtelier sur une petite ile brésilienne qu’il a déjà repéré et sur laquelle il déjà prit contact. Des copains pour boire un coup, un bateau pour aller pêcher et un grand soleil, voici le rêve de John. Il nous a déjà embauchés pour la création, quoi qu’il arrive John Hill a besoin d’un coup de main ! En tout cas reste que la ferme est en vente, alors si ça vous intéresse d’investir dans la tomate en Argentine contactez nous, tous les détails de la ferme ici!

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Zone de séchage des tomates au soleil

Malheureusement malgré l’énergie incroyable que déploie notre hôte à quelque tâche que ce soit, la maladie et les soucis le rattrape parfois. On lui souhaite toute la réussite possible pour son projet au Brésil, qui promet d’être un bel endroit pour un business man fatigué. Il ne lui reste plus que le plus dur : des heures de négociations avec sa femme sur les modalités du départ. L’une des questions centrale est de savoir à qui va revenir la garde de Pork. Et de Pie, sa sœur, qui appartient aujourd’hui au père de Claudia. (PS oui, oui, ça fait bien Pork Pie…)

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Le bain de Pork (qui a l’air ravi vous noterez…) sous l’œil attentif de Negra

Un jour ailleurs…

Je vais à présent vous parler de notre seule et unique sortie de la finca ! La seule car il devait toujours y avoir une personne sur la ferme afin de dissuader voleurs de poule et autres voleurs de grand-chemins de cambrioler la propriété ce qui est courant dans les régions campagnardes d’argentine… Ainsi nous décidons de nous rendre dans l’une des bodegas les plus connue de Mendoza et donc d’argentine : Valentin Bianchi. On va limiter là le suspens, c’était fermé… en effet le jour où on se décide à partir en rando, échec critique. Enfin on aura fait une belle ballade, on n’avait pas tout perdu…

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La grille, définitivement fermée, de l’énorme bodega Bianchi

Parce que notre autre sortie notable est celle que nous a offert notre hôte en nous emmenant à 1km de la ferme chez une vieille dame qui a aménagé une table devant chez elle et vend quelques boisson. Ce fut une soirée agréable ou nous avons pu nous échapper un petit peu de l’ambiance de travail de la finca et parler un peu d’autres sujets avec John. D’autre part, l’endroit ne portait pas d’autre nom que… « Johnny Be Good »!

Avec du recul…

Ce fut donc un mois plutôt pauvre en frisson d’extase propre à la découverte de paysage grandiose mais riche en apprentissage, en culture agricole et malgré tout en rencontre car le personnage de Johnny, bien que parfois un peu torturé par ses démons intérieurs, est quelqu’un de très intéressant qui a pour défaut principal d’être un travailleur acharné et bien seul. Seul dans sa vie et dans son cœur, loin de sa terre natale et de sa famille, isolé dans un pays qu’il ne peut plus supporter, on comprend sa tendance à la consommation de « black sauce » et de vin « cosecha de la tierra » un peu excessive. C’est un technicien hors-pair et un bon professeur, qui vit pour bosser et plutôt que l’inverse.

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John est un bon cuisinier, ironiquement fan inconditionnel de foie, et spécialiste du découpage d’oignon!

John nous a dit dès que nous sommes arrivés que ses tomates étaient les meilleures du monde, et à vrai dire elles sont excellentes, les salades de tomates, nous les avons dévorées sans vergogne aussi longtemps que nous avons pu ! Mais pas Johnny Hill, lui étonnement, n’en mange pas. Ca ne l’empêche pas de les regarder amoureusement. Voilà pour le titre, même si John n’est pas si vieux…

Si le travail à la ferme a pu parfois être rude, physiquement et psychologiquement comme quelque fois l’ambiance entre John Hill et sa femme, je tiens à dire de notre part à tous deux que nous avons été bien reçus. Nous n’avons manqué de rien durant notre séjour, ni en nourriture ni en autre chose que cela soit, et en plus on avait le droit à la machine à laver (mais pas de laisser le linge dehors la nuit, sinon, les sorcières auraient mis nos vêtements!). De la part de Claire, même si parfois elle a grogné parce que les tâches ménagères nous revenaient systématiquement, nous avons toujours été consultés, respectés. Alors, merci pour ce séjour !

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Le mois prochain sera plus excitant car nous avons rendez-vous avec des protagonistes que vous connaissez peut-être, afin de faire une virée patagonienne au rythme effréné du guanaco qui galope !!! Gros bisous à tous, merci encore de nous lire et hasta luego !!

13 réflexions sur “Le vieux qui ne voulait pas manger ses tomates

  1. Et oui le travail de la terre reste un métier dur pour qui n’a pas de tracteur….
    Mais maintenant vous êtes incollables sur les tomates!
    Les aventures n’ont pas manquées encore une fois ( bosses » à la façon Claire » , acrobaties sur seau « bravo Arnaud » et petit lama transformé en taupe..)
    Bisous à tous les deux
    Sophie

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  2. La culture de tomate…… un dur métier. Nous avons appris encore plein choses. Et John, un personnage qui gagne à être connu.
    Une mention spéciale tout de même, à cet auto-stoppeur, perdu au milieu de nul part, seul dans l’immensité de la patagonie, qui chante avec un humour terrible. Il mérite le  » clip d’or argentina sin calcetines ». Peut-être de ses nouvelles un de ces quatre !!!!
    En attendant, c’est toujours un plaisir de lire les aventures de Claire et Arnaud au pays des gauchos.
    Bisous

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    • C’est vrai que ça été une rengaine assez fréquente cette petite chansonnette durant les longues heures de route! Merci d’avoir été nos acteurs pendant un temps on en parle bientôt!

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  3. Bonjour, j’ai beaucoup aimé votre page, merci de nous faire partager ! et pour ceux que ça intéresse, l’auto stoppeur perdu est mon neveu, entre temps il a fini par bouger !… vous pouvez suivre ses aventures sur son blog : http://lamaetganesh.fr/
    Pour ma part, je continuerai à suivre votre route ! bonne continuation

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    • Merci beaucoup à vous d’avoir pris le temps de nous lire ça fait extrêmement plaisir! Ç’a aussi été un plaisir de lire son blog et on a bien rigolé en écoutant notamment cette vidéo mais aussi les autres! Passer lui le bonjour de notre part si vous le croisez avant nous dans cette toute petite Amérique latine

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  4. Me voici !!!!!!eh oui j ai mis beaucoup de temps pour vous féliciter de ce blog toujours aussi chouette en écrit et en photos.
    vos aventures sont passionnantes et haletantes!!!!!
    j attends les prochaines ,
    gros bisous à vous deux et soyez tout de même prudent!!!!

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    • Coucou très chère pèlerine 😉
      Merci pour tes retours sur nos petites histoires, et de nous lire bien sûr!
      Les prochaines arrivent très vite! J’espère que tu vas bien et on se voit bientôt!
      Bisous Claire

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  5. Coucou de cabariot
    toujours des paysages aussi beau , des animaux lama âne l’animal préférer de marie . Par contre le travail ne manque pas à cette saison des tomates , dont j’ai vu pas mal de variété comme chez nous.
    Bonne continuation pour d’autre aventure à partager
    Bisous de nous tous

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